Frontière, le retour (suite).

Nous nous étions interrompus à la borne 202, mais on ne va pas s’arrêter là ! Allez, en route !

Un coup d’œil vers le nord, où la vue s’ouvre maintenant vers la vallée de la Nive, au loin. Les brebis vaquent à leurs occupations. Ni ours ni loup à l’horizon, juste de l’herbe à brouter, ça manque un peu de distractions, non ?

Un coup d’œil sur la gauche, côté espagnol : l’impression est un peu différente, car de nombreuses touffes d’ajoncs apportent une touche de jaune, et la forêt monte à l’assaut des crêtes, notamment par des plantations de résineux.

Plus ou moins cachée par ces fameux ajoncs, qu’on appelle par ici des chachis, voici la borne 201.

La borne 200 est bien mieux dégagée, au niveau d’un col herbeux côté France, et boisé côté Espagne. C’est ici que nous allons pique-niquer.

Ces jolis crocus sont en Espagne, photographiés depuis la France : ceci est donc une photo transfrontalière !…Comme beaucoup d’autres dans ces posts, du reste.

La frontière redescend maintenant tranquillement, sans trop s’éloigner de la crête, mais sur le versant sud cette fois. Un peu plus bas que notre chemin, il y a un point d’eau que nous allons découvrir : punaise, la fontaine de Roland, rien que ça ! Il faut dire que c’est tout près d’ici, à Roncevaux, que le célèbre neveu de Charlemagne est mort en 778. Nous connaissions déjà la brèche de Roland (cirque de Gavarnie), le pas de Roland (le long de la Nive près d’Itxassou) et le saut de Roland (près de Huesca en Aragon), nous complétons la série avec cette fontaine où des milliers de pélerins de Saint-Jacques ont dû se désaltérer en passant.

Pour Compostelle, suivez la flèche ! Une stèle, un peu plus loin, indique : Saint Jacques de Compostelle, 765 km. Pèlerin, tu n’as pas fini de marcher !

C’est un peu loin pour nous, et rien ne nous pousse au pèlerinage, auquel nous préférons de loin les sentiers moins fréquentés. Nous continuons donc à cheminer le long de la frontière, c’est une activité qui pour le moment n’attire pas les foules, et c’est tant mieux. Nous voici donc arrivés à la borne 199. Elle est bien dégagée, mais un peu cassée, peut-être l’œuvre d’un activiste basque adepte de l’unification.

Il n’y a pas bien loin à aller pour trouver ensuite la borne 198. Ce sera la dernière pour nous aujourd’hui, car la borne 197 se trouve beaucoup plus loin, à plusieurs kilomètres de là.

Mais nous n’allons pas faire demi-tour pour autant ! En remontant sur quelques centaines de mètres le chemin de Saint-Jacques en direction du Puy, nous pourrons rejoindre la route et l’emprunter pour revenir à la voiture en faisant une boucle, ce qui nous permettra de varier le parcours.

On prend vers la droite, encore une fois !

Par ici, les chevaux ont remplacé les brebis.

Les quelques arbres que l’on avait vus précédemment sous un angle un peu différent ne sont pas si isolés que ça, finalement. En fait, c’est l’extrémité de la forêt d’Orion.

Plus à droite, on revoit maintenant l’Urculu et sa tour sommitale.

Et en marchant sur la route, on voit bien nettement dans les pâturages les lignes de cheminement des bêtes qui matérialisent presque des lignes de niveau.

Une stèle en français et en basque commémore les membres d’un réseau de résistance à l’occupation nazie : le réseau Orion.

Et nous retrouvons nos amies les brebis avant de rejoindre la voiture…

…et de rentrer vers la côte après un petit arrêt désaltérant sous les platanes de Baïgorry.

Frontière, le retour.

De retour au Pays Basque à la fin du mois de septembre, c’est une belle journée qui s’annonce ce lundi 30, pour la Saint Jérôme 😉
Il y a bien longtemps que nous n’avons plus vagabondé le long de la frontière pyrénéenne, mais l’envie est toujours là prête à ressurgir quand une occasion se présente, et la voici aujourd’hui. Avec une longue et belle journée devant nous, on peut se permettre de s’éloigner un peu de notre base, en visant le sud de Saint-Jean-Pied-de-Port. C’est donc par le long et splendide parcours de la D428 que nous commençons, pour rejoindre le col d’Arnostéguy au pied de l’Urculu, où nous avons prévu de laisser la voiture.

Nous n’y sommes pas seuls ! Passé le pic d’Orisson, la route coïncide avec le tracé du GR65 qui n’est autre que le chemin de Compostelle, voie du Puy, et nous sommes impressionnés par le nombre de pèlerins en route vers Saint Jacques ! C’est plus d’une centaine que nous avons doublés sur ce tronçon de quelques kilomètres seulement.

Dans ce Pays Basque profond voué à l’élevage depuis des millénaires, les arbres sont rares, et les pâturages jonchés de brebis.

On les reconnaît bien, ce sont des « Manech tête noire », une race locale très ancienne et très répandue au Pays Basque. Je les trouve très belles.

Nous voici arrivés au col d’Arnostéguy. On gare la voiture, mais avant de commencer la balade il faut quand même que j’aille faire un petit tour à la borne 205, que nous connaissons bien déjà. Regardez, j’ai posé avec elle, un selfie de l’ombre !

Il y a le choix pour les directions, et nous, on va prendre à droite, le long de la frontière, comme pour aller vers Roncesvalles (Roncevaux).

En ce moment, c’est la saison des crocus d’automne, il y en a partout.

Ici, la frontière est matérialisée par une clôture. Les vaches que nous voyons ici de l’autre côté sont donc espagnoles (mais elles ne parlaient pas français 🙂 ).

En nous retournant, nous pouvons encore voir notre voiture au col, la clôture-frontière sur la droite, l’Urculu et ses 1419m, et sur le sommet sa tour romaine que l’on devine (édifiée en 28 avant J.-C., tout de même, d’après Wikipédia).

La clôture-frontière, nous la longeons en direction de l’ouest, avec ses 5 rangées de barbelés bien tendus…

Les murets en parpaings, le long de la frontière, ce sont des palombières, derrière lesquelles il est d’usage de se dissimuler muni de son fusil pour zigouiller quelques pauvres palombes tentant de franchir les Pyrénées pour aller passer l’hiver au soleil du sud. Par chance, nous sommes un lundi, jour sans chasse, ce qui évite le risque de se faire canarder comme un vulgaire migrateur.

Vers le nord, côté France, ce ne sont que vallonnements et pâturages, et un petit bosquet bien isolé.

Vers l’est, le pic d’Orhy, seigneur du Pays Basque, domine la situation du haut de ses 2017 mètres. Il est le premier sommet à dépasser les 2000m du côté ouest des Pyrénées.

Comme je marche doucement, et qu’il y a plein de choses à regarder et à photographier, Daniel est souvent obligé de m’attendre. Heureusement, il trouve parfois de la compagnie.

Depuis le comptoir, on jette un regard inquisiteur vers les intrus.

Sans s’être trop arrêtés à la borne 204 que nous connaissions déjà, on s’attarde un peu à la 203, qui vient s’ajouter à notre collection.

Nous sommes sur la crête, d’où on peut admirer la perspective des croupes herbeuses qui descendent de part et d’autre vers le creux du ruisseau.

Une fois désaltéré, le troupeau s’éloigne de nous, jugés inintéressants.

Et voilà la borne 202 ! Arrêtons-nous là un moment avant de poursuivre notre balade… très vite !

Errozaté, Egurgi et quelques bornes.

Par cette belle journée de début décembre 2018, nous voilà partis vers les confins du Pays Basque français. Il y a bien longtemps que nous n’avons plus visité de nouvelle borne frontière (enfin, nouvelle pour nous je veux dire), et j’ai repéré un lac côté espagnol auquel on peut accéder en longeant une partie de la frontière, ce qui va nous permettre, en une seule journée de balade, de découvrir quelques bornes et de faire le tour du lac. Allez, en route !

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Comme nous arrivons dans le secteur d’Errozaté, le soleil n’est pas encore très haut et les ombres dessinent nettement les reliefs de la montagne.

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Un pottok au bord de la route s’enfuit pour ne pas nous voir, nous troublons sa tranquillité manifestement.

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Les fonds de vallées sont encore tout embrumés à cette heure-là.

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C’est sur le bord de la route que nous trouvons notre première borne, elle porte le numéro 221.

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La route continue dans le même genre de décor : pentes herbeuses et quelques cabanes pastorales, inoccupées à cette saison.

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Voilà la borne 222, pas bien loin de la route non plus. Un modèle à étages.

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On the road again….

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… et encore une borne ! Numéro 223, celle-ci. Plantée près d’une source…

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…et tout près de la route, encore.

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La route longe le ruisseau, qui marque la frontière avec l’Espagne,et devient maintenant plus large, au fur et à mesure qu’il reçoit les eaux des affluents. C’est près d’un confluent justement que se trouve la borne 224.

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Au-delà, le ruisseau et la route continuent leurs parcours parallèles.

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Un peu en retrait, une grande bâtisse en pierre, fermée. Nous sommes maintenant dans le secteur d’Egurgi. Cela semble être le nom du ruisseau, et aussi des montagnes autour.

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En reprenant la route, on retrouve vite le soleil, et les brumes en train de fondre.

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Comme nous atteignons notre parking final, à l’endroit où la frontière va cesser de suivre notre ruisseau pour continuer vers l’est, un panneau multiple nous indique les différentes possibilités de balade.

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Un petit pont enjambe la rivière pour permettre de changer de pays.

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Une grosse aubépine hirsute borde le parking, où notre voiture est la seule. Il est vrai que notre route est plus ou moins interdite à la circulation à cette époque…

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Notre dernière borne du jour est là près du ruisseau, elle aussi. Après l’avoir mise en boîte, nous allons démarrer pour faire le tour du lac qui commence un peu en amont sur le ruisseau. A bientôt pour la suite de nos aventures !

Sur la crête du Mandalé.

Une petite balade avec vue et pas trop loin de chez nous, ce 4 novembre 2018 ? En route pour le col d’Ibardin, où l’on rejoint le parking tout en haut. De là, il ne reste plus qu’à suivre plus ou moins la crête jusqu’au sommet (modeste, c’est vrai, 573m) du Mandalé. Mais… au-dessus du monde, quand même !

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Premier replat, celui des cromlechs. Debouts sur la crête, et visiblement éprouvés par les vents, la série de pins se découpe sur le ciel.

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Il est beau, le ciel, tout strié de nuages !

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En regardant vers le nord, c’est la côte basque qui s’étend à nos pieds, puis la côte des Landes, au-delà de la pointe Saint-Martin où se trouve le phare de Biarritz.

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On monte en longeant pratiquement la ligne frontière, avec sur notre gauche une plantation de mélèzes, dont les aiguilles sont bien rousses à cette période de l’année : le mélèze, c’est le sapin qui perd ses aiguilles en hiver !

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Comme on monte encore, la Rhune dépasse maintenant au-dessus des sommets des arbres.

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Vers la gauche, on aperçoit maintenant la baie de Txingudi, et une partie de la chaîne du Jaizkibel.

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La Rhune, encore…

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Vers le sud, on reconnaît la silhouette des Peñas de Haya (les Trois Couronnes, en français).

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Les voilà toutes seules, avec leurs sommets multiples caractéristiques.

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Et nous voilà au sommet, youpi !

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En redescendant, nous croisons d’autres promeneurs, le nez au sol.

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Ici, c’est les fougères que l’on met en rouleaux.

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Un dernier rayon de soleil jette un coup de projecteur sur Biarritz, alors que nous rejoignons la voiture.

Le retour.

Une fois atteint le redoutable sommet du Puig del Claper 🙂 , il nous reste encore à longer la crête avant de redescendre chez nous par la route.

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Et encore des antennes ! On doit pouvoir devenir riche en revendant à prix d’or aux télécommunicants des morceaux de crête balayés par la tramontane et où seuls les figuiers de Barbarie arrivent à prospérer.

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Ceux-ci sont magnifiques !

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Et les abeilles se régalent de bains de pollen au fond de leurs fleurs. Je me demande comment une plante aussi agressive peut développer des fleurs aussi fragiles et délicates…

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Difficiles à voir et surtout à photographier, les oiseaux sont tout de même bien présents, tel ce rouge-queue noir qui observe la situation depuis son perchoir.

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Les papillons ne manquent pas non plus. Cet amaryllis n’était pas trop farouche ! J’aime les deux points blancs dans le rond noir de l’aile, leur raison d’être me semble très mystérieuse.

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Ce n’est plus un sentier, mais une vraie piste, qui suit maintenant la crête. Grâce aux antennes, bien sûr !

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Malgré la sécheresse estivale, quelques plantes réussissent encore à développer des fleurs, et pas seulement les figuiers de Barbarie. Là c’est une clématite sauvage avec ses grappes blanches.

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Tout le trajet en crête nous permet encore de profiter de la vue vers la côte Sud, où Llançà étale ses maisons blanches qui escaladent la montagne. Les Pyrénées plongeant dans la mer…

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Une dernière antenne, encore bien chargée en engins de télécommunication. Une balade à déconseiller aux électrosensibles, absolument.

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On profite là-haut d’une vue d’ensemble de la gare internationale de Portbou, dont l’activité s’est considérablement réduite depuis que l’Espagne fait partie de l’Europe économique. C’est ce monstre incongru qui a fait la richesse du village, en son temps.

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Une nouvelle page pour la rubrique des choses qui piquent avec ce joli chardon vert où se promène une bête noire (enfin presque noire). Je ne sais pas si la bête pique, mais le chardon, oui, c’est sûr, j’ai vérifié.

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Encore un chardon ? N’ayant pas ma flore sous la main, je ne peux pas identifier cette sorte de plante-dinosaure rencontrée ce jour-là. Bizarre, non ?

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D’ici, on voit bien la différence entre les deux routes, la vieille et la nouvelle, la sinueuse et la rectiligne qui perce la montagne.

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Autre chardon, autre papillon. Satyre ou Mégère ? Tels sont les noms charmants qui lui ont été attribués, le premier pour le mâle et l’autre pour la femelle. Si j’ai bien compris le critère d’identification, je dirais qu’il s’agit ici d’un mâle, un Satyre par conséquent.

Promeneurs, soyez méfiants. Il y a des Satyres dans la garrigue catalane  ! J’en ai rencontré !

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C’est en rejoignant la route goudronnée (la vieille, donc) que nous trouvons ce panneau. J’imagine qu’il signale la fontière entre la commune de Portbou et celle de Colera… En regardant attentivement, on apercevra aussi en arrière-plan le coll dels Belitres, où se trouve la frontière entre la France et l’Espagne.

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Redescendons maintenant par la route. C’est un trajet agréable car presque plus personne ne passe par là en voiture, et les habitants du village en profitent pour venir s’y promener à pied. Si on coupe la partie gare, on a une jolie vue du village, avec au premier plan les terrasses agricoles réhabilitées récemment.

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Depuis le grand virage, on a une vue d’ensemble de « chez nous ». Les terrasses n’y sont pas passées au glyphosate, juste à la débroussailleuse 😉

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Le long du trajet, un promeneur facétieux a un peu transformé l’inscription « coto local » (réserve de chasse ou quelque chose comme ça) en « coito colocad » dont je vous laisse imaginer la signification…

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Nous passons finalement devant la propriété voisine de « can Tunicus », maintenant très entretenue.

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Le propiétaire se réserve désormais l’usage de l’eau que l’on pouvait autrefois aller puiser au fond de la grotte. Il a même replanté quelques pieds de vigne !

Notre petite boucle matinale s’achève là dans la chaleur de la journée. Vive les vacances !

C’est Iparla où ça se passe.

Chers lecteurs, j’espère que vous appréciez à sa juste valeur (deux balles, ou peut-être devrais-je dire deux bornes) l’excellent jeu de mots contenu dans ce titre, pour ma part j’en suis plutôt satisfaite, ce qui est bien le principal.

Nous voici le 22 novembre, toujours en 2017, et par cette belle journée il est temps de nous rendre enfin sur les pentes d’Iparla pour y visiter quelques-unes des bornes qui manquent à notre collection.

Lorsque nous arrivons, le soleil ne touche pas encore le bas de la vallée, nous sommes partis tôt pour profiter de toute la journée, elles sont courtes en novembre.

La première borne, que nous connaissons déjà, porte le numéro 86 et se trouve près de ce gîte. A notre dernière visite, l’éolienne était en petits morceaux autour de son mât, elle a été remplacée depuis : l’énergie renouvelable se renouvelle !

La deuxième borne de la journée nous est déjà connue, elle aussi, et se trouve au bord du chemin que nous voyons ici, c’est la 87. A partir de là, le chemin commence à grimper sérieusement, et nous offre une vue plongeante sur cette bergerie un peu atypique : elle a deux parties bien séparées, chacune avec sa propre entrée.
Là non plus, le soleil n’est pas encore arrivé, ce qui n’est pas plus mal car la montée suffit à réchauffer le randonneur matutinal.

Déjà, les vautours, nombreux dans le secteur, ont commencé leur séance quotidienne de vol à voile.

Voilà que le soleil commence à raser la pente, faisant ressortir l’or des feuillages d’automne.

Il baigne maintenant les chachis et la barrière à moutons, ou peut-être à chevaux.

En me retournant, je revois la bergerie Larantonaldeko Borda (dont je vous avais dans un premier temps épargné le petit nom) devenue bien plus petite.

Après avoir franchi le col de Lacho, la vue se dégage sur notre gauche vers la vallée de la Nive près de Bidarray.

Nous passons près d’une stèle ornée d’une croix basque, nous en verrons plusieurs autres ce jour, sans savoir pour aucune à quoi elles font référence. Le sommet pyramidal qui dépasse derrière est celui de l’Irubelakaskoa.

Nous bifurquons vers la droite pour aller rejoindre la croix numéro 88. Un enclos de pierres sèches, puis un groupe de bordes en ruine jalonneront notre chemin.

Un mur bien droit et encore en bon état épouse la pente, plutôt raide.

La croix frontière numéro 88 est là, gravée sur un rocher. Comme elle n’est visiblement pas visitée tous les matins, il faut lui faire un brin de toilette avant les photos de collection.

Côté espagnol, le soleil fait ressortir les feuillages d’automne des quelques arbres qui ont réussi à pousser dans les pentes.

Les chevaux qui vivent là-haut jouissent d’une totale liberté.

Après avoir trouvé la borne 89 (couchée), ainsi que la croix correspondante, nous nous dirigeons vers un groupe de bordes en ruine et y trouvons un petit creux abrité pour casser la croûte. Pendant que je photographie nos ombres, on me fait d’amusantes facéties.

Après le casse-croûte et quelques recherches, nous y trouvons une borne sans numéro couchée, ainsi qu’un crâne de brebis du meilleur effet, une fois posé sur la borne.

Il est maintenant temps de redescendre, la borne ou croix suivante sera pour une prochaine visite. Encore une borde en ruine sur notre chemin, un arbre y a poussé entre les murs !

Nous passons près d’un point d’eau où les bêtes peuvent venir se désaltérer. Dans le fond, c’est le massif du Baigura.

Dans le lointain, les sommets de plus de 2000m sont déjà enneigés, le premier d’entre eux étant le pic d’Orhy, le plus à droite, vu de plus près dans un article récent.

Et voilà, c’est le bout du chemin ; le soleil éclaire encore les peñas de Itsusi en face de nous. Nous reviendrons forcément un de ces jours pour aller visiter la borne 90 ainsi que les plus anciennes croix qui se trouvent au sommet du pic d’Iparla. Espérons que nous aurons une aussi belle journée !

Les bornes de la Soule.

Hé non, bande d’ignares (pas tous, sûrement, mais quelques-uns quand même) ! Il ne s’agit pas d’une chronique sur l’alcoolisme féminin, mais seulement d’une (relativement) nouvelle balade sur la frontière franco-espagnole, en pays de Soule, cette dernière étant l’une des trois provinces du Pays Basque français.
D’accord, la nouveauté est très relative, s’agissant du 14 octobre 2017, il y a à ce jour plus d’une année. En tous cas cela me permet de stimuler ma mémoire, ce qui paraît-il est excellent pour retarder les effets de la maladie d’Alzheimer qui nous guette tous.
Ce 14 octobre 2017, donc, qui comme chacun se souviendra était un samedi, nous voici profitant du beau temps annoncé par les gazettes pour nous rendre, à grand renfort de diesel non surtaxé, jusqu’au col frontière appelé « port » de Larrau, (c’est ainsi que l’on désigne assez souvent les cols pyrénéens, bien que fort peu de bateaux y aient jamais été vus.)

Depuis le bourg de Larrau, situé à l’altitude de 627m, la route d’Espagne va nous amener au port à 1573m, ce qui fait une sacrée grimpette. On s’élève assez rapidement dès le début, en traversant une zone de forêt qui à cette époque commence à prendre les couleurs de l’automne…

…et même à en générer les petits à-côtés, comme ici cet élégant coprin surpris sur le bas-côté, hélas non comestible .

Nous voilà arrivés aux confins de la Navarre ! On se débarrasse de sa tenue de chauffeur pour adopter celle de randonneur.

Je repère tout de suite notre première borne, qui est juste à côté du parking, un peu plus haut. Mais ce n’est pas ce côté Ouest que nous allons explorer aujourd’hui, car la borne précédente 236 est censée se trouver au sommet du pic d’Orhy, qui n’est pas exactement à côté, et en plus il semble (cf Robert aux bornes des Pyrénées) qu’elle soit portée disparue ! Voilà qui est peu motivant, alors que le côté Est est bien plus prometteur.

Pourtant, c’est bien vers l’Ouest que la plupart des visiteurs se dirigent, car c’est pour l’ascension du pic d’Orhy qu’ils sont venus ; c’est un grand classique et un merveilleux promontoire. Je n’étais pas bien vieille la première fois que j’y suis montée, et ce fut ma première expérience au-dessus d’une mer de nuages. Je retrouve maintenant encore le souvenir de mon émerveillement. Mais je ne me souviens pas si le mur de palombières que l’on découvre ici s’y trouvait déjà, mémoire sélective sans doute.

Côté français, nous sommes juste au-dessus des derniers lacets de la route.

Quittant le col du côté opposé à l’Orhy, nous commençons par y répertorier la borne 237bis, avant de croiser une petite troupe de chevaux débonnaires.

En nous retournant, nous apercevons de l’autre côté du col la traversée fantastique d’un troupeau de moutons, que je ne sais pourquoi j’aime imaginer sur le fil d’une étroite vire rocheuse alors qu’il n’en est peut-être rien.

Tandis que nous suivons la ligne de crête, la pente s’accentue sur notre droite, c’est-à-dire côté espagnol. Les déplacements du bétail y ont creusé d’innombrables sentes qui ressemblent à des traces de scarification.

Au sommet de l’Achourterrigagna (délicieux nom qui nous rappelle au passage que nous sommes bien en Pays Basque) , nous trouvons comme prévu la borne 238. La clôture qui passe juste à côté semble bien suivre à peu de chose près la ligne frontière.

Deux petites fleurs à la fois très semblables et très différentes s’épanouissent encore malgré la saison avancée.

Sur notre côté gauche, une piste balafre de part en part le flanc de la montagne.

Nous voici maintenant au port de Betzula, où quelques chasseurs surveillent on ne saura pas quoi (le chasseur est volontiers randonophobe, apparemment).

C’est l’heure du casse-croûte, que nous prenons en nous abritant du vent derrière une palombière vide, lui conférant pour quelques instants un usage plus pacifique ; puis nous reprenons notre cheminement le long de la crête, où nous parvenons maintenant à la borne 240, qui subit ici un petit toilettage avant d’être photographiée de plus près.

Nous suivons le tracé de la HRP (haute randonnée pyrénéenne), qui bénéficie d’un balisage entretenu. Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer ce cairn un peu particulier…

…ainsi que cette carline ayant échappé à la perspicacité des ramasseurs locaux. Ces fleurs sont très prisées au Pays Basque, on les met sur les portes des maisons, dont elles éloignent les sorcières.

De là, en nous retournant, nous avons une belle vue d’ensemble sur le pic d’Orhy.

Nous atteignons enfin la borne 241, la dernière pour cette journée.

Le chemin du retour est le même que celui de l’aller, mais nous avons aperçu les chasseurs qui coupaient à travers la montagne pour rejoindre directement la piste. Je vais donc suivre le même itinéraire qu’eux tandis que Daniel ira jusqu’au col récupérer la voiture, ce qui permettra d’épargner un petit peu mes genoux bien usagés.

C’est donc à proximité de ce très moderne abreuvoir en béton que je vais attendre l’arrivée de mon chauffeur préféré, avant de reprendre en sa compagnie la route du retour.

 

Bornes oubliées.

Revenons maintenant au 21 juillet 2017, une belle journée de liberté pour aller compléter un peu la collection de bornes côté oriental. Pour commencer, la borne – pyramide 579 ayant été oubliée lors des derniers recensements , retournons au célèbre village frontière du Perthus pour aller voir un peu à quoi elle ressemble.

On se gare sur la petite route qui part vers l’Albère, peu après le viaduc de l’autoroute qui passe au-dessus. La frontière passe sur le côté gauche, c’est donc par là que nous allons grimper.

En s’élevant vers notre but, on peut maintenant voir le viaduc autoroutier et le défilé de véhicules.

Nous avons visiblement atteint la ligne frontière, mais nous ne sommes pas encore à notre borne du jour.

Pour la trouver, il faut grimper un peu au milieu des chênes-liège, pas trop longtemps puisqu’on peut encore apercevoir l’autoroute sur la droite.

En redescendant par le chemin, on fait face au massif du Canigou qui émerge d’une écharpe de nuages, au-delà des vallonnements de l’Albère.

Le décor est très méditerranéen !

Nous reprenons la voiture et grimpons maintenant de l’autre côté du Perthus jusqu’au fort de Bellegarde,dont la masse imposante domine le col et le village. Voici l’entrée et l’ancien pont-levis.

Les douves sous le pont, on n’a pas vu de crocodiles…

Un escalier interdit, dommage.

L’escalier officiel nous permet, après avoir acquitté nos droits d’entrée, d’accéder à l’immense place d’armes. En face de nous, l’inévitable chapelle.

Le long de l’un des murs, nous découvrons la raison principale de notre visite, l’ancienne borne 569, remplacée désormais sur son emplacement par une version plus moderne.

Une vieille porte…

Le grand puits, avec ses 63,50m de profondeur, est l’une des principales curiosités du fort. Le tunnel de la ligne à grande vitesse passant désormais  juste au-dessous, il a été vidé et complètement exploré à cette occasion.

Pas de bâtiment militaire sans poudrière ! Et la dernière guerre mondiale n’a bien sûr pas épargné cet endroit.

Le tour des bâtiments passe maintenant par l’échauguette.

Nous apercevons ici les casernements Sud, en ruine, que nous ne visiterons pas.

Nous passons ensuite devant la stèle au général Dugommier, mort dans la bataille de Figueres et dont les cendres reposèrent au fort pendant quelques temps.

On aperçoit l’autoroute en contrebas de ce lieu réellement stratégique.

Côté Nord, toujours le long de l’autoroute, on peut voir la pyramide de Ricardo Bofill, une oeuvre d’art assez monumentale.

Terminons la visite avec une plus modeste sculpture sur la place d’armes, qui apporte un peu de douceur dans cet austère ensemble militaire.

Trois bornes à Esnazu.

26 mars 2017, ça y est, on est pratiquement remis du grand décalage. C’est dimanche, jour de changement d’heure de surcroît, nouvel ajustement à la marge en ce qui nous concerne. Cela ne nous met pas en avance pour la journée, mais si nous partons droit au Sud vers la vallée des Aldudes, il nous reste assez de temps pour essayer de trouver les trois bornes qui nous manquent au-dessus du quartier d’Esnazu.

Pas de problème pour trouver la borne 135, on sort le kit de nettoyage rangé au fond du sac et on lui fait une petite toilette avant de la photographier pour la rajouter à la collection.

Et voilà le travail !

Après ça, on se met en quête de la borne 136. On aurait tendance à la chercher vers la crête.

Pour le moment, seules les prairies sont touchées par l’arrivée du printemps, les arbres gardent encore leur nudité hivernale.

Voilà la 136 ! Pas du tout sur la crête, mais le GPS a permis de la débusquer dans la pente.

La voilà après toilettage, le but étant de bien lire le numéro. Je crois que c’est réussi.

Après cette deuxième mise en boîte, nous continuons encore en direction de la route principale (celle qui franchit la frontière pour traverser le Pays Quint) pour aller voir une borne supplémentaire, une petite sans numéro qui se trouve plantée au milieu de la prairie que nous voyons sur la gauche. Mais les personnages centraux de mon image, ce sont bien sûr les deux arbres siamois rencontrés là-haut, moins impressionnants que les « siamese kauri » de Coromandel, évidemment, mais intéressants tout de même pour moi.

En avançant un peu pour éviter les arbres, on découvre vers le Sud la silhouette massive du mont Adi (1457m), encore enneigé à ce jour.

Sur le chemin du retour, une de ces rencontres que Daniel déteste 🙂

De nouveau les pâtures bien vertes et bien pentues.

Quelques fleurs de saison aussi, comme cette hellébore verte…

…ou ces primevères bien fleuries. C’est le printemps, voyons !

Une fois revenus à la voiture, on la déplace un peu plus loin pour aller visiter la borne 134.

Il y a là une palombière plutôt squelettique, mais dont l’échelle semble encore en état.

La borne était au-dessus du chemin ! On est d’abord passé sans la voir… mais le GPS rappelle vite à l’ordre.

Comme souvent depuis la ligne frontière, la vue est superbe sur les environs.

Une petite anémone sylvie, toute en délicatesse.

Nos objectifs atteints, nous pouvons prendre le chemin du retour. La lumière est bien belle sur le hameau d’Esnazu, « quartier » des Aldudes.

Et il y a encore du soleil lorsque nous atteignons Saint-Étienne-de-Baïgorry, l’occasion est bonne pour aller voir de plus près le vieux pont dit « romain », qui date en fait du XVIIe siècle, dont l’arche élégante franchit la Nive des Aldudes.

Mais… que vois-je en revenant vers la voiture ?

Le charcutier a disposé là, bien à l’air et bien à l’abri des intempéries, sa collection de jambons pour les mois à venir. Allons, il reste encore un peu d’artisanat dans nos contrées reculées.

La frontière dans les Albères.

De la Méditerranée à l’Océan, puis de l’Océan à la Méditerranée, le 11 décembre nous sommes de retour à Argelès, non plus pour cause de signature mais pour cause de déménagement cette fois. Alors, autant en profiter pour faire une expédition à la frontière et ajouter quelques bornes à notre collection des pays de l’Est.

Un superbe horizon Canigou pour commencer cette journée, qui s’annonce sous de bons auspices. Les premières neiges ont revêtu de blanc les sommets du massif, et c’est ainsi que je le préfère.

Nous avons pris la route du Perthus, puis tourné à gauche en direction du col de l’Ullat. Depuis la route, on bénéficie de quelques superbes échappées sur la plaine du Roussillon, où l’on peut constater l’importance grandissante de l’urbanisation.

Quelques centaines de mètres après le col de l’Ullat, nous quittons la route pour prendre une piste sur la gauche, dont nous espérons qu’elle pourra nous amener au-delà du pic Neulos, qu’elle contourne par le flanc nord, mais… nous voilà prévenus !

Après des débuts faciles, nous voici confrontés à l’incertitude de la viabilité annoncée sur le panneau. Pour effectuer les sondages de terrain nécessaires, il faut se chausser en conséquence, avant même le début de la balade.

On est passé ! Nous voilà donc parvenus au pied du pic Neulos, côté Sud-Est, on se stationne au pied d’un réservoir d’eau, au lieu dit « pla de la Tanyareda ».

A notre droite, le puig Neulós, 1256m, point culminant du massif de l’Albère, et son inévitable pylône émetteur TDF de 67 m de haut. Je laisse à mes lecteurs curieux le petit exercice de calcul mental qui leur donnera l’altitude au sommet de ce joli pylône.

Pas besoin d’aller bien loin pour trouver notre première croix frontière, gravée sur un rocher et portant le numéro 583.

Ici, la frontière suit la crête, ce qui est la configuration que je préfère du point de vue de la balade. Après avoir admiré la vue aérienne sur le Roussillon vers le Nord, nous profitons donc de la même situation côté Sud avec, au-dessous de nous, la mer de nuages qui recouvre la plaine de l’Ampurdán.

Nous suivons ici le GR10 transpyrénéen, comme l’indique la marque rouge et blanche. Nous passons près du refuge de la Tanyarède, sur lequel le soleil du matin projette les ombres des arbres environnants.

En direction de la mer, les derniers contreforts pyrénéens s’offrent à notre regard en plans successifs émergeant des nuages, du grand spectacle !

Nous trouvons la croix 584 au « coll del faig », c’est-à-dire au col du hêtre, où se trouve également cet énorme spécimen. J’ignore si c’est lui qui a donné son nom, mais il semble désormais en mauvais état, sans doute trop fragilisé par l’âge pour résister encore à la violence de la tramontane.

Plus loin sur la crête, ce sont je pense des aubépines qui nous indiquent très clairement par leur coiffure la direction du vent dominant.

Encore deux croix frontière et nous arrivons au « coll de l’Estaca », notre dernière croix (gravée 586) de la journée s’en trouve d’ailleurs très près. La clôture qui grimpe tout droit depuis le col en direction du puig de Pradets marque très probablement elle aussi la limite entre les deux pays.

La piste sur laquelle nous sommes garés arrive elle aussi au coll de l’Estaca, nous choisissons donc l’option piste, qui n’a pas l’air beaucoup plus longue, pour l’itinéraire de retour. Ce sera donc nettement plus boisé, et attention car certains arbres nous ont à l’œil !

On s’écarte un peu de la piste pour casser la croûte, car le parcours en forêt nous fait découvrir que les chasseurs ont investi le territoire, la viabilité de la piste étant bien suffisante pour leurs gros 4×4.

Un arbre au féminin ?

Au bord du chemin, une source captée et signalée, mais quel scandale ! Deux fautes en trois mots sur ce panneau ! On ressent bien l’énervement du correcteur !

Les hêtres sont l’essence dominante ici, et comme ils ont déjà perdu leurs feuilles le soleil peut pénétrer dans le sous-bois, c’est beau.

Quelques vaches paissent tranquillement dans une petite clairière. Ce sont des massanaises, une race locale dont il ne reste que quelques dizaines de spécimen. Prévenus qu’elles avaient une tendance avérée à s’attaquer aux promeneurs, nous passons notre chemin sans faire les malins.

Dernière curiosité le long de notre parcours, nous découvrons ici un de ces puits à glace où l’on stockait autrefois la neige pendant l’hiver pour l’utiliser ensuite pendant la période chaude. Une glacière géante pour pouvoir mettre un glaçon dans son pastis du soir, déjà au XVIIe siècle !

Nous n’avons plus beaucoup de chemin à faire pour rejoindre la voiture et retourner à Argelès pour passer à la maison notre avant-dernière nuit… c’est la fin d’une longue et heureuse époque.